Rob’autisme : l’expérimentation inédite d’interaction entre un robot et de jeunes autistes

Autour d’ateliers culturels initiant de jeunes autistes à la manipulation d’un robot humanoïde, le centre psychothérapique Samothrace (CHU de Nantes), Stereolux et l’association Robots! en partenariat avec l’École Centrale de Nantes ont initié une expérimentation scientifique inédite et prometteuse. Cette expérience sera évoquée par Sophie Sakka, de l’association Robots !

Un robot humanoïde peut-il être un support de médiation dans la thérapie de l’autisme ? Pour le savoir, Stereolux, l’association Robots! et l’équipe de l’hôpital de jour Samothrace ont organisé des ateliers culturels visant à initier des adolescents souffrant de troubles autistiques à la manipulation du petit robot humanoïde français Nao. Sophie Sakka, de l’association Robots! et enseignant-chercheur en robotique de l’Institut de recherche en communications et cybernétique de Nantes (IRCCYN) à Centrale Nantes, a appris à six adolescents âgés de 11 à 14 ans souffrant de troubles du spectre autistique à utiliser le logiciel qui permet de gérer les mouvements et la voix du petit robot : « Ils l’ont très vite pris en main. Dans un premier temps, ils faisaient dire à NAO ce qu’ils ne pouvaient pas exprimer. Petit à petit, ils se sont mis à se parler par l’intermédiaire du robot ». Connu du grand public pour ses prestations dansées, le robot Nao est piloté directement par ces adolescents. Il les entraîne par le jeu, la musique et la danse dans une expérience sensorielle et sonore.

En parallèle, les ateliers sonores également initiés par Stereolux pour le centre Samothrace se sont poursuivis : les enfants ont enregistré les voix qu’ils allaient prêter à Nao, auquel ils ont imprimé les mouvements correspondants : « Le côté ludique est important pour ces jeunes. Pendant les séances, ils communiquent, ils sont présents ». Les ateliers se déroulent dans les locaux de Stereolux et sont donc aussi l’occasion d’une sortie, de la découverte d’un lieu de création et de rencontre avec des artistes.

  • Un apport thérapeutique très utile en réponse aux troubles autistiques

De l’avis des équipes médicales, cette expérience a un impact à plusieurs niveaux sur l’adolescent : sur sa capacité à communiquer au sein de son groupe ainsi qu’à expérimenter la fierté de pouvoir montrer ses compétences. Elles ont également constaté une évolution de séance en séance (tous les 15 jours) et une nette amélioration durable du quotidien du jeune autiste, même en dehors des séances. Au-delà d’un jouet sophistiqué, Nao pourrait bien être un précieux support thérapeutique : « Autour de Nao, les adolescents interagissent, s’entraident. Ils sont fiers de ce qu’ils parviennent à faire, ont envie de le montrer, de surprendre, de faire plaisir, de partager, notions qui n’ont rien d’évident pour ceux qui souffrent de tels troubles. Leur mémoire est étonnante. D’une séance à l’autre, à quinze jours d’intervalle, ils poursuivent comme s’il n’y avait pas eu d’interruption. »

Devant le succès de l’expérimentation, les quatre partenaires pensent déjà à étendre le projet à d’autres communautés pour élaborer un protocole et lui donner une dimension plus large.